Le contrôle social représente l’ensemble des moyens dont dispose une collectivité pour obtenir que ses membres agissent conformément aux normes en vigueur.
Il n’est pas seulement externe et appuyé sur des sanctions sociales ; il est aussi interne quand les individus adhèrent aux normes collectives et les jugent légitimes.
Exemple de contrôle externe : le conducteur qui ralentit lorsqu’il aperçoit un contrôle radar et qui accélère par la suite.
Exemple de contrôle interne : le conducteur qui adapte sa vitesse à son environnement en tenant compte des normes autorisées parce qu’il les trouve justifiées.
Les fonctions des normes
Les normes, c’est-à-dire les règles respectées par le groupe, rendent les comportements prévisibles : elles permettent aux « rôles » des différents individus de s’ajuster harmonieusement.
Le comportement d’un individu peut être anticipé par son partenaire dans l’interaction et s’adapter ainsi sans heurts. La régulation sociale passe donc par l’adoption de « règles du jeu » communes et de sanctions destinées à les faire respecter.
Les normes assurent la cohérence du groupe social : la norme définit le groupe par rapport à l’extérieur. Appartiennent au groupe ceux qui sont soumis à la règle. La norme réalise l’unité du groupe. L’application d’un code de conduite commun permet l’identification des membres, et leur reconnaissance mutuelle.
Les normes sont l’expression de relation de pouvoir : le pouvoir politique peut se définir comme la capacité à imposer des normes juridiques à l’ensemble des citoyens. « Imposer » car la société dispose d’un appareil de sanctions(positives ou négatives) instaurées pour faire respecter les normes.
Contrôle social et régulation sociale
Contrôle social : ensemble des moyens formels, c’est-à-dire institutionnels, et informels, par lesquels une société s’efforce de faire partager les valeurs et respecter les normes communes par l’ensemble de ses membres.
Les sociologues utilisent aussi la notion plus large de régulation sociale. Régulation sociale : ensemble de processus permettant un fonctionnement correct de la société(réduction des conflits, coexistence pacifique des individus, adaptation au changement).
On distingue deux types de contrôle social, que l’on associe à deux formes de solidarité, telles que les a définies Emile Durkheim, sociologue français, 1858-1917. Si le contrôle « informel » est caractéristique des sociétés traditionnelles, il est également présent dans les société industrielles, mais celles-ci sont d’abord caractérisées par un contrôle social formel :
Les sociétés traditionnelles sont caractérisées par une solidarité mécanique et un contrôle informel
La solidarité mécanique se rencontre dans des groupes ou des sociétés où les individus diffèrent peu les uns des autres : ils ont intériorisé les mêmes valeurs, et sont unis par la force de l’esprit communautaire ; on parle alors de conscience collective dans la mesure où une solidarité s’est instaurée « mécaniquement », dans le sens de « naturellement » mais aussi « nécessairement ».
La solidarité mécanique correspondait dans la pensée de Durkheim aux sociétés traditionnelles, dans lesquelles s’exerçaient un contrôle social informel. Contrôle social informel : contrôle qui s’exerce directement entre les membres de la société, sans passer par une institution spécifique telle que la police ou la justice. C’est le groupe social tout entier qui décide des sanctions à appliquer, en se conformant à la tradition ou à l’usage.
Le contrôle social informel existe également dans nos sociétés, par exemple au sein de la famille. Il concerne de très nombreuses situations de la vie sociale, chaque fois qu’un comportement déviant est repéré et sanctionné par le groupe sans faire intervenir l’appareil légal de police ou de justice.
Les sociétés industrielles caractérisées par une solidarité organique et un contrôle formel. La solidarité organique se rencontre, selon Durkheim, dans les sociétés qui ont connu la division du travail : les sociétés industrielles.
La division du travail amène en effet un certain nombre de conséquences importantes : par nécessité, les individus et les groupes se différencient en fonction de leur place dans la division du travail : la nomenclature des PCS illustre bien ce phénomène de différenciation dans la France d’aujourd’hui. Chaque individu est un élément de l’ensemble, un « organe » selon la terminologie de Durkheim, qui permet le fonctionnement du tout, d’où l’expression « solidarité organique ».
La conscience collective est remplacée par des consciences individuelles qui se traduisent par une certaine autonomie des individus et une pluralité des valeurs : l’individu peut modeler son échelle des valeurs en fonction de sa personnalité, de son statut et de son milieu social.
Dans les sociétés à solidarité organique, le contrôle social est formel : le grand nombre des individus, leurs différences de statut et de valeurs rendent difficile ou inacceptable un contrôle informel « de tous par tous ». Le contrôle social formel est plus respectueux de la vie privée ; on ne peut accuser à tort(la diffamation est réprimée), décider d’une punition ou exiger soi-même réparation ; on doit en appeler à la justice. Le respect des formalités, c’est-à-dire des règles instaurées par le groupe, s’impose à tous(d’où l’expression contrôle formel).
Contrôle social formel : contrôle exercé par des institutions spécialisées, non seulement la police et la justice, mais aussi l’école, les collectivités territoriales( le maire, officier de police judiciaire et responsable de l’ordre public dans sa commune), etc.