Prévention et réaction face à la délinquance

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La dissuasion : une peine a un effet dissuasif quand elle empêche une personne de commettre un délit par crainte du châtiment qu’elle encourt, c’est l’effet de la « peur du gendarme ».

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La stigmatisation du délinquant consiste à :

– l’étiqueter comme personne malhonnête et dangereuse ;
– l’exclure des liens sociaux, à titre réprobateur ou par crainte d’une récidive.

La sanction est prononcée par un tribunal, publiée, mentionnée au casier judiciaire : celui qui a été jugé coupable porte l’étiquette de délinquant. Cet étiquetage contribue à son exclusion. Si la stigmatisation, comme la peine elle-même, peut avoir un effet dissuasif, elle est un obstacle à la réinsertion du condamné, une fois sa peine purgée.

La rééducation ou réhabilitation : si pendant longtemps le criminel a été considéré comme un monstre, à partir du XVIIIème siècle, il commence à être perçu et traité comme un malade qu’il convient de rééduquer grâce au travail ou aux interventions du médecin psychiatre.

Dans la réalité, le détenu n’est pas toujours assez motivé pour suivre une psychothérapie, et l’institution pénitentiaire ne peut généralement pas accepter de réduire les peines, comme les médecins le préconisent parfois.

L’évolution et la transformation des normes

Pourquoi les normes évoluent-elles ?

La flexibilité du contrôle social : le caractère « normal » de la déviance, souligné par Durkheim, prouve qu’il est illusoire de rechercher un contrôle social parfait. L’exemple des régimes totalitaires est là pour montrer que la tentative du pouvoir politique de contrôler à la fois les valeurs et les comportements suscite des résistances et débouche à la longue sur un échec.

L’excès des contrôles entraîne des effets pervers : leur multiplication conduit les organisations bureaucratiques à des dysfonctionnements, voire à la paralysie.

Pour être efficace, le contrôle social doit donc être flexible : tolérance vis-à-vis de certains écarts par rapport aux normes, et marge d’interprétation des normes laissées aux acteurs.

Ainsi, l’application des lois par les juges leur laisse une certaine liberté d’appréciation. Les arrêts des tribunaux font « jurisprudence », c’est-à-dire qu’ils servent de référence pour l’application des lois, permettant ainsi leur adaptation.

La transformation des valeurs : on observe au cours du temps une transformation des valeurs ou de leur hiérarchie dans le système des valeurs qui conduit à modifier les normes. Ainsi, l’adoption des lois sur le divorce par consentement mutuel(loi du 11/07/75) ou sur l’avortement(17/01/75) sont en partie la conséquence de l’affaiblissement de la pratique de la religion catholique et des valeurs qu’elle prône, et de l’ascension des valeurs hédonistes(quête du bonheur individuel) ou de nouvelles valeurs familiales(la naissance d’un enfant est désormais le plus souvent choisie).

L’évolution sociale, technique et économique : les multiples aspects du changement social, technique ou économique, contraignent à l’abandon, à l’adaptation ou à la création de normes ; ainsi, l’évolution scientifique nécessite la création de nouvelles normes : vote au Parlement de la loi sur la bioéthique réglementant la procréation assistée, la législation sur les dons d’organes, débat juridique sur le clonage, etc.

Comment se transforment les normes ?

L’exemple du rôle des minorités actives : Un comportement qualifié aujourd’hui de déviant peut devenir la norme de demain. Ainsi, en 1633, Galilée est arrêté pour « hérésie » car il affirme à la suite de Copernic que la Terre n’occupe pas le centre de l’univers(contrairement à ce que soutenait l’Eglise), il comparaît devant le tribunal de l’inquisition et est contraint de prononcer à genoux l’abjuration de sa doctrine… mais la tradition veut que, plus tard, il se soit écrié : « Et pourtant, elle tourne ! ».

Dans le domaine politique : la déclaration des droits de l’homme est intervenue en France en 1789, les femmes ont pu voter en 1945 ; dans le domaine social, le droit syndical a été reconnu en 1884. Les normes se transforment donc.

Selon Pierre Moscovici, ces transformations des normes sont en partie le produit de la lutte des minorités actives qui parviennent à secouer l’inertie et le conformisme de la majorité. Minorité active : minorité qui refuse de partager les valeurs ou les normes dominantes, et s’organise afin d’en imposer la transformation à la majorité.

Le cas du dissident soviétique Soljenitsyne est exemplaire : en refusant toute compromission avec le régime totalitaire(en 1970, il refuse de recevoir le prix Nobel dans les conditions fixées par les autorités), l’écrivain isolé avait choisi de se placer sur un terrain d’égalité avec le pouvoir comme le porte-parole de valeurs universelles.

En révélant au public les conditions de la déportation massive des prisonniers du Goulag, il contribua à ébranler l’Union soviétique face à l’opinion publique mondiale.