Les classes sociales représentent un type de stratification caractéristique de la société industrielle des pays développés.
Les classes sociales
Les classes sociales représentent un type de stratification caractéristique de la société industrielle : en effet dans les sociétés traditionnelles où les individus naissent inégaux en droit, on ne peut pas parler de “classes sociales”, mais de “castes”(en Inde) ou d’ordres”(en France) pour reprendre l’exemple précédent ; par opposition, on parle de “classes” lorsque la division de la société en groupes n’a pas d’existence légale.
Trois conceptions de classes sociales
La conception réaliste : celle de Karl MARX
MARX a mis en valeur l’antagonisme des classes sociales : les classes sociales sont des groupements d’individus occupant la même place dans le mode de production, cette place étant définie essentiellement par la possession ou la non-possession des moyens de production.
Placés dans les mêmes conditions d’existence, les membres d’une classe développent une conscience commune qui débouche sur la lutte des classes.
La conception nominaliste : celle de Max WEBER
WEBER définit la classe sociale d’après la possibilité qu’a un individu de se procurer des biens ou des services. La classe sociale est donc pour ce sociologue un phénomène essentiellement économique. Il la distingue des groupements basés sur le prestige (tels les ordres) ou sur le pouvoir(tels les partis politiques).
WEBER reconnaît donc qu’il y a une situation de classe dans une perspective économique, mais, pour lui, un individu ne se définit pas comme appartenant à telle classe, mais plutôt par sa place dans une hiérarchie de prestige : le status ; c’est pourquoi la conception de Weber est dite “nominaliste”, parce qu’elle ne repose pas sur une observation empirique(basée sur des faits réels).
Le status selon Weber caractérise l’individu d’après le choix d’un mode de vie, d’une manière de consommer, de se loger, de se vêtir, se marier, de penser, d’éduquer ses enfants, par une appartenance politique.
La “classe sociale” n’est donc pour Weber qu’une caractéristique économique, donc restreinte, de l’individu, caractéristique qui ne peut déboucher sur une “conscience commune” de classe.
Le point de vue de Pierre Bourdieu
Un dépassement de l’alternative nominalisme/réalisme : classe objective, classe mobilisée
Bourdieu considère l’alternative réalisme/nominalisme comme stérile et a tenté de la dépasser tout en plaçant le concept de classe au centre de sa théorie.
Il qualifie la classe d’objective lorsqu’elle représente un ensemble d’individus placés dans des conditions d’existence homogènes leur imposant des conditionnements propres à engendrer des pratiques semblables. Ces individus possèdent un ensemble de propriétés communes : biens, habitudes de classe, pouvoirs, etc.
Il qualifie la classe de “mobilisée” lorsque les individus d’une classe ayant une conscience commune s’organisent pour mener une lutte commune.
Afin de définir à quel type de classe sociale appartient un individu, Bourdieu prend en compte les différents “capitaux” dont dispose cet individu :
– le capital culturel : ensemble des connaissances transmises par le groupe social et notamment la famille, façons de se comporter, de s’exprimer inhérents au “sous-groupe” auquel on appartient;
– le capital économique, que l’on peut assimiler à la richesse (revenu et patrimoine).
– le capital social est l’ensemble des ressources liées à l’appartenance à un groupe qui assure des liaisons permanentes et utiles que l’on peut mobiliser : les relations ; il se matérialise dans des clubs sélects, des rallyes, des cercles, des réceptions, etc.
– le capital symbolique, qui peut prendre diverses formes : l’apparence physique, la réputation, le nom, les décorations, etc.
Selon Bourdieu, c’est le capital culturel qui “distingue” essentiellement les individus et les favorise ou non tout au long de leur trajectoire sociale.